Qiu, Xiaolong «Un dîner chez Min» (2021)

Qiu, Xiaolong «Un dîner chez Min» (2021)

Auteur : Qiu Xiaolong est né à Shanghai en 1953; c’est un auteur chinois de roman policier, poète et amateur de taï chi. . Lors de la Révolution culturelle, son père est la cible des révolutionnaires et lui-même est interdit de cours. Il soutient néanmoins une thèse sur le poète T. S. Eliot et poursuit ses recherches à Saint-Louis, aux États-Unis. Les événements de Tian’anmen le décident à s’y installer et c’est en anglais qu’il écrit la célèbre série policière mettant en scène l’inspecteur Chen ainsi que les nouvelles du cycle de la Poussière Rouge. Traduits dans vingt pays, ses livres se sont déjà vendus à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde.

Série Chen Cao : Mort d’une héroïne rouge, Visa pour Shanghai, Encres de Chine, Le Très Corruptible Mandarin, De soie et de sang, La Danseuse de Mao, Les Courants fourbes du lac Tai, Cyber China, Dragon bleu, tigre blanc, Il était une fois l’inspecteur ChenChine, retiens ton souffle, Une enquête du Vénérable Juge Ti (attribuée à l’Inspecteur Chen) , Un dîner chez Min,  Amour, Meurtre et Pandémie
Page spéciale : Qiu, Xiaolong « Les enquêtes de l’inspecteur Chen » 

Autres ouvrages : Cité de la Poussière rouge, La Bonne Fortune de Monsieur Ma, Des nouvelles de la Poussière rouge

Liana Levi – 04.02.2021 – 246 pages / Points-Policier 11.02.2022 – 267 pages – (Existe en numérique)

12ème enquête de Chen Cao

Résumé :
Le légendaire et dérangeant inspecteur Chen est sur la touche. Le Bureau de la réforme du système Judiciaire, une voie de garage destinée à l’éloigner des enquêtes trop indiscrètes, pourrait le satisfaire en lui laissant le temps d’écrire un roman inspiré par le célébre Juge Ti. Mais on ne se refait pas, et la tentation d’aller fourrer son nez dans une affaire qui bruisse dans Shanghai celle mettant en cause une belle courtisane qui ouvre sa table privée aux éminences et aux Gros-Sous de la ville est plus forte que la sagesse.
Tout en s’abritant derrière sa très efficace secrétaire, la jolie Jin, l’Inspecteur finit par découvrir que le commerce des antiquités chinoises peut s’avérer extrêmement rentable mais parfois dangereux. Et qu’il vaut mieux ne pas se mettre à dos la Sécurité intérieure et les puissants princes rouges…

Mon Avis :
Toujours un bonheur de retrouver le personnage de Chen ! Chen qui dérange les hautes instances du Parti … Chen qui a été mis à l’écart de la police et nommé Directeur du Bureau de la réforme du système judiciaire. Dans son nouveau poste, on lui a attribué comme secrétaire une jeune femme, Jin, diplômée en histoire, qui va prendre l’initiative d’enquêter pour lui. Il est évident qu’elle est supposée le surveiller et faire un rapport sur lui à ses supérieurs mais dès le début on sent bien que sa préférence penche du côté de Chen.
Pourquoi ce meurtre – ou plutôt ces meurtres ? – Tout commence quand un crime est commis chez une courtisane qui organise des diners à son domicile privé et que celle-ci est escamotée par la Sureté de l’Etat ? conflit d’intérêts ? jalousie ? argent ? politique ? magouilles mettant en scène les cadres du Parti ? secrets d’Etat ?
Chen va trouver le moyen d’enquêter en décidant d’écrire un livre sur le héros chinois le juge Ti (VIIème siècle) et en faisant un parallèle entre le meurtre qui s’est déroulé et le roman écrit par Van Gulik « Assassins et poètes » sur l’affaire Xuanji. Il se renseigne sur le passé qui colle tellement au présent… Malin !  Il espère camoufler son enquête en racontant partout qu’il écrit un livre sur ce héros national chinois mis à l’honneur par les auteurs étrangers et pas par les chinois. Un héros local politiquement correct …
Chen est peut-être en « congé maladie » forcé et officiellement il n’est plus inspecteur mais il a gardé des amis et des contacts… On retrouvera avec plaisir le Vieux Chasseur et ses autres amis…
Et on en apprendra nettement plus sur le Juge Ti (n’oubliez pas que Frédéric Lenormand a remis au gout du jour ce personnage dans sa série) et sur la littérature et la poésie chinoise. J’aime ce mélange culture/enquête qui est l’une des caractéristiques des livres de cet auteur.
Si mon avis sur le livre écrit par Chen vous intéresse, je l’ai commenté :  Une enquête du Vénérable Juge Ti (attribuée à l’Inspecteur Chen) .

Extraits :

Période phare de la poésie chinoise classique, la dynastie Tang avait donné naissance à une foule de poètes de génie, mais peu d’entre eux avaient aussi été des assassins.
Comment le sinologue passionné de poésie qu’était Van Gulik avait-il eu l’idée d’écrire une histoire de meurtre se déroulant dans le milieu littéraire de l’époque ?

C’est une mingyuan, comme on dit. Vous savez, c’est un terme qui servait à désigner les courtisanes de la haute société avant la Révolution culturelle.

Comme dans une vieille fable chinoise, une fois que le tigre avait appris du chat à sauter, il prenait son indépendance.

Étrangement, une enquête de police ressemblait au déconstructionnisme de la critique littéraire postmoderne : il suffisait de se concentrer sur l’inexplicable. Dans les deux cas, il fallait trouver des indices, tâcher de les interpréter puis rassembler des preuves venant corroborer ces interprétations afin d’aboutir à une conclusion.

– Le plus grand plaisir culinaire vient quand on satisfait l’appétit du cœur. Le prix ou le prestige du plat n’a aucune importance. Comme on dit chez nous, vous comprenez la musique

En Chine, il fallait savoir lire entre les lignes, comme dans une peinture traditionnelle où les vides sont souvent plus parlants que les pleins.

Les gens attrapent le vent et courent après les ombres, comme dit le proverbe.

Alors qu’il contemplait les volutes de fumée, il se demanda s’il n’était pas bloqué parce que toutes les pièces n’appartenaient pas au même puzzle.

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