Buzzati, Dino « le désert des Tartares » (1940) 268 pages

Buzzati, Dino « le désert des Tartares » (1940) 268 pages

Auteur:  Dino Buzzati Traverso, connu sous le nom de Dino Buzzati, né le 16 octobre 1906 à San Pellegrino di Belluno en Vénétie, mort le 28 janvier 1972 à Milan, est un journaliste, peintre et écrivain italien dont l’œuvre la plus célèbre est le roman intitulé Le Désert des Tartares. De son métier de journaliste lui vient l’habitude de chercher des thèmes et des récits de la vie quotidienne et d’en faire ressortir l’aspect insolite, parfois fantastique.
Buzzati avait également des talents de peintre et nous a laissé une singulière bande dessinée, intitulée Poèmes Bulles. Il est aujourd’hui unanimement considéré comme l’un des plus grands écrivains italiens.
Il s’est éteint en 1972.

Romans : Bàrnabo des montagnes (1933 – Bàrnabo delle montagne) -) Le Secret du bosco Vecchio (1935 Il segreto del Bosco Vecchio) ,  Le Désert des Tartares (1940 Il deserto dei Tartari) – L’image de pierre (1960 Il grande ritratto) – Un amour (1963 Un amore) 

Livre de poche – 1963 – – 242 pages / Robert Laffont – 21.03.2002 – 368 pages – Pocket – 18.07. 2007 – 268 pages / Robert Laffont – 31.01.2022 – 368 pages  (traduction Michel Arnaud)

Résumé:

Giovanni Drogo a choisi la carrière des armes. Dans une forteresse oubliée, aux confins de la frontière du Nord, il attendra de longues années, face à l’étendue aride, le début d’une guerre improbable. Jusqu’au jour où les mirages du désert s’animeront. Traduite dans le monde entier, cette vision allégorique saisissante de notre condition, de nos illusions et de nos rêves, est devenue l’un des classiques du XXe siècle. Les rêves de gloire du jeune officier Giovanni Drogo s’arrêtent brusquement au fort Bastiani, dernière sentinelle d’une « frontière morte ». Que faire ? Rester et taire les tentations de la jeunesse, ou partir et avouer sa faiblesse devant l’épreuve qui l’attend ? La vanité militaire l’emportera et avec elle l’espoir d’un destin héroïque, mais c’est au confortable quotidien inlassablement identique qu’il va aliéner sa vie. Il ne se passera rien au fort qui puisse susciter tant d’espoir, rien qui puisse justifier l’absurde attente, si ce n’est l’emprise du désert. Lorsque, enfin, sonnera l’alarme, Drogo sera trop vieux et trop malade. Alors, résigné, il guettera serein son ultime ennemi… Dans cette spirale étourdissante où tout est scellé d’avance, l’ironie répond à la fatalité et Buzzati signe ici un ouvrage admirable de désespoir.

Le monde de Buzzati, comme celui de Kafka, est plein de détours, à la manière des labyrinthes : ce carrefour d’espace et de temps où l’homme est placé et qu’il déplace avec lui, sans pouvoir le laisser derrière lui, univers mobile dont les dimensions sont celles d’une cellule de prison dont on barbouille les murs aux couleurs de l’infini, c’est le bastion où l’on guette jour après jour l’invasion des Tartares, sans savoir s’il existe réellement des Tartares, ni s’il y en a eu autrefois, ni si le danger existe de les voir surgir, au galop, de ce désert où l’on use ses yeux et sa vie à scruter l’horizon (Marcel Brion)

Durant la Seconde Guerre mondiale, Buzzati est affecté comme journaliste correspondant de guerre pour Il Corriere della sera, notamment de la Marine Royale italienne. À cette période, son roman Le Désert des Tartares, qu’il a écrit en 1939 est publié chez Rizzoli en 1940 en Italie.

Mon avis:

Un de mes livres cultes depuis le lycée !!!
Le temps qui passe et en même temps ne passe pas… l’irréparable fuite du temps
L’espoir des personnages qui attendent du futur la justification de leur présent,  qui n’a aucun sens… Dans le livre, les personnages – des militaires – attendent une seule et unique chose : la guerre. Ils sont au milieu de nulle part, dans un Fort, pour empêcher l’invasion de leur territoire. Ils attendent l’attaque, ils la guettent, l’espèrent et la redoutent…
Et tout le roman se réfère au temps, au temps qui s’écoule, à la vie qui passe, aux jours qui défilent. Le temps, c’est le roman, c’est l’écriture, ce sont les objets… la montre, l’horloge sont omniprésents…
Le Fort Bastiani , aux confins du désert, le Royaume du Nord, – une frontière, une frontière morte ? Ou pas…
Giovanni Drogo, une vie d’habitudes, d’obsession, d’attente, d’’immobilisme, de solitude, de renoncement… Une vie pour ainsi dire sans passé et dont le présent n’est que la quête d’un avenir…
Des hommes qui pourraient être interchangeables tant ils reproduisent la même obsession…
Et une ambiance entre le rêve et l’espoir, dans un environnement oppressant et presque immobile, dans lequel Drogo guette une petite lueur…

Extraits:

Tous ces jours, qui lui avaient paru odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient.

Il parlait lentement, le silence avait le temps de se glisser entre chacun de ses mots.

Hier et avant-hier étaient semblables, il n’était plus capable de les distinguer l’un de l’autre ; un événement vieux de trois jours ou de vingt jours finissait par lui sembler également lointain. Ainsi, se déroulait à son insu la fuite du temps.

Dans le rêve, il y a toujours quelque chose d’absurde et de confus, on ne se libère jamais de la vague sensation que tout cela est faux et qu’au bon moment il faudra s’éveiller. 

C’est ainsi qu’une page est lentement tournée, elle retombe de l’autre côté, s’ajoutant aux autres déjà terminées, pour le moment, cela ne fait qu’une mince couche, celles qui restent à lire, en comparaison, forment un tas inépuisable.

Inexplicablement, le temps s’était mis à s’enfuir de plus en plus vite, engloutissant un jour après l’autre.

Cependant, le temps passait, toujours plus rapide ; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s’arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d’œil en arrière. « Arrête ! Arrête ! » voudrait-on crier, mais on se rend compte que c’est inutile. Tout s’enfuit, les hommes, les saisons, les nuages; et il est inutile de s’agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d’un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entraîné dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s’arrête jamais.

Il est difficile de croire à quelque chose quand on est seul et que l’on ne peut en parler avec personne.

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