Chevalier, Tracy « La fileuse de verre » (2024) 448 pages

Chevalier, Tracy « La fileuse de verre » (2024) 448 pages

 

L’Autrice : Tracy Chevalier est une écrivaine américaine habitant Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Elle s’est spécialisée dans les romans historiques.
Tracy Chevalier est née et élevée à Washington, DC, et son père est photographe pour le The Washington Post. Elle étudie à la Bethesda-Chevy Chase High School de Bethesda, dans le Maryland. Après avoir reçu son B.A. en anglais à l’Oberlin College, elle déménage en Angleterre en 1984.

Sa carrière d’écrivaine débute en 1997 avec La Vierge en bleu, mais elle connaît le succès avec La Jeune Fille à la perle, un livre inspiré par le célèbre tableau de Vermeer.  Suivront Le Récital des Anges, La dame à la licorne, L’innocence, Prodigieuses Créatures, La Dernière Fugitive , A l’orée du verger (2016), Le nouveau (2019) , La brodeuse de Winchester (2020), La fileuse de verre (2024)  (les titres en italique sans liens ont été lus avant la création du blog)

Editions la Table ronde – 23.05.2024 – 448 pages – (traduit par Anouk Neuhoff)

Résumé : A Murano, le long des canaux et des ruelles, derrière les portes des ateliers, maestros et apprentis domptent le verre. Le secret de leur savoir-faire, qui ne doit jamais atteindre la terraferma, n’est pas l’affaire des femmes. Pourtant, à la mort de son père, voyant l’entreprise familiale décliner, Orsola Rosso décide de sauver sa famille de la ruine en apprenant à fabriquer des perles de verre. Un art qui ne va pas sans celui du commerce. 

Découvrant le ballet des marchandises dans le port de Venise, Orsola comprend qu’elle devra oeuvrer sans relâche pour atteindre la perfection et déjouer les pièges de la négociation. Et ceux de l’amour, quand Antonio, pêcheur vénitien, rejoint l’atelier Rosso… De ce côté de la lagune, le temps s’écoule différemment. Telle une pierre ricochant sur l’eau, le récit traverse, de siècle en siècle, guerres et épidémies, amours et deuils, tandis qu’Orsola façonne ses bijoux. 

S’ils servent déjà de monnaie d’échange sur le continent africain, ils orneront bientôt le cou d’impératrices, de Vienne à Paris, et feront un jour le bonheur des touristes de la Sérénissime. Tracy Chevalier fait le portrait d’une femme, celui d’une famille et celui d’une ville, aussi intemporelles que le sont les chefs-d’oeuvre de l’île du verre.

Mon avis:

Nous allons traverser les siècles en compagnie de la famille Rosso. Et la construction du livre est un tour de force: cinq cent ans en compagnie des mêmes personnages de la même famille et même si cela semble incroyable, ça passe super bien!
Tout commence en 1486, on passera ensuite en 1994, 1574, 1631,  1755, 1797, 1915, 2019 …
Nous allons traverser le temps à travers l’industrie du verre,  mais aussi évoquer les grandes transformations de la cité lacustre (son rattachement à la terre ferme)  les artistes de la Renaissance ( Léonard de Vinci, Michel-Ange, Carpaccio, Raphaël, Giorgione, Titien.), traverser l’épidémie de peste, rencontrer Casanova, l’impératrice Joséphine, la guerre,  la marquise Luisa Casati (pour la connaitre mieux, je vous recommande le livre de Lenormand, Frédéric «Madame la Marquise et les Gentlemen Cambrioleurs» (2016) , subir les inondations, le confinement du Covid…
Les personnages du roman et les personnages ayant réellement existé se côtoient tout naturellement. Et tous autant qu’ils sont sont intéressants ou attachants. Et une merveilleuse déambulation dans Venise au cours des siècles.
Une saga familiale sur 500 ans, dans laquelle les femmes sont mises à l’honneur.
Malgré la concurrence entre les Maîtres-verriers, une des membres de la famille Barovier va montrer à la jeune Orsola comment fabriquer des perles et c’est le début de cette formidable histoire. 
Au fil des siècles la concurrence va se developper. La verrerie ne sera plus seulement à Murano, elle va s’exporter frauduleusement alors que les verriers ont interdiction de quitter Murano; certains vont s’enfuir, quitter Murano, rejoindre la terre ferme et s’établir en Allemagne, à Prague, à Amsterdam.… Bien plus tard il y aura la concurrence de la Chine..
On y parle des créations, des perles de verres diverses et variées, comme de la fabrication des millefiori, des perles de rocaille des techniques employées…
Et de la famille Rosso, ses amours, ses conflits… On le commence et on ne le lâche plus ! Gros coup de coeur.

J’ai adoré le glossaire de la fin du livre avec les expressions et mots en vénitien.

Extraits: 

SI vous faites ricocher habilement une pierre plate sur la surface de l’eau, elle rebondira de nombreuses fois, à intervalles plus ou moins grands.
En gardant cette image en tête, remplacez maintenant l’idée de l’eau par celle du temps.

le doge avait envoyé les verriers travailler exclusivement à Murano, dans le but de limiter les incendies dans la ville surpeuplée et de tenir à l’œil les artisans. Ils avaient interdiction de filer sur le continent avec les secrets de fabrication muranais.

S’il n’y a pas de femmes dans l’industrie du verre, c’est parce que notre travail doit être parfait pour être accepté par des hommes. Or, avec le verre, la perfection n’existe pas.

Si des choses allaient mal dans sa vie, le processus de création s’enclenchait encore dans ses mains et ses yeux, toujours satisfaisant, toujours réconfortant.

Festa della Sensa – la fête de l’Ascension –, Antonio l’avait emmenée regarder le doge épouser la mer en jetant une alliance dans l’Adriatique depuis le Bucintoro, un bateau stupéfiant par sa taille et la splendeur de son ornementation, doté de chaque côté de vingt et une rames rouge et or maniées dans un ensemble parfait.

L’eau coulait dans les veines des Muranais et des Vénitiens, même dans les veines à sang froid de sa sœur.

Pourquoi s’en tenir à ce qu’on maîtrisait ? Parce qu’on n’avait pas à réfléchir

Toute la verrerie de Murano n’était pas forcément kitsch et destinée à se vendre facilement. Certains verriers remettaient en question cette esthétique du rendement et utilisaient le verre pour des œuvres plus artistiques

Image : la « rosetta » : Son nom apparaît pour la première fois en 1496 dans les inventaires du maître verrier vénitien de Murano, Angelo Barovier, mais elle a peut-être été fabriquée dès le 13ème siècle et redécouverte plus tard.
Elle aurait été baptisée « Rosetta » par sa fille Marietta, on ne sait pas pourquoi et son nom a traversé le temps.

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