Gay Forden, Sara « House of Gucci » (2021) 368 pages

Autrice:

Sara Gay Forden a été pendant plus de quinze ans journaliste de mode en Italie. Elle est spécialiste des marques telles que Gucci, Armani, Versace ou Prada.
Elle travaille aujourd’hui pour le groupe de médias Bloomberg News et habite à Washington.  »

Harper Collins -10.11.2021 – 368 pages    /Harper Collins poche – 02.11.2022 – 544 pages – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle Farhi.

La journaliste Sara Gay Forden signe une enquête fouillée qui se lit comme un thriller. Jalousie, argent, sexe, pouvoir… La saga Gucci n’a rien à envier au feuilleton Dallas !  » Le Parisien  » Un livre sur le monde des affaires que vous traverserez comme un roman. [… ] Forden a fait d’un mélange de drame familial et de haute finance un récit savoureux et complexe. 

 » The Economist  » Une lecture palpitante.  » Cosmopolitan (USA)  » Une chronique pénétrante de l’ascension et de la chute d’une entreprise familiale. [… ] Même selon les normes Borgia de l’industrie de la mode, les Gucci étaient spéciaux. Non contents de l’habituel condensé familial d’amour, de jalousie et de cupidité, ils ont ajouté au mélange l’évasion fiscale, la bigamie et, oui, le meurtre.  » Wall Street Journal

Résumé:

Haute couture, meurtres et jet-set : l’histoire vraie de la famille Gucci 1921, Florence. Guccio Gucci ouvre son premier magasin et fonde un véritable empire familial. Trente ans plus tard, ses trois fils, Aldo, Vasco et Rodolfo, poursuivent son oeuvre en imposant mondialement la marque de mode et de luxe tant sur le plan artistique que commercial. A la troisième génération, cette réussite exemplaire prend des airs de saga romanesque. 

Opulence, aventures sentimentales, fêtes, défis sportifs, mensonges et trahisons. Tous les ingrédients du mythe sont là, y compris la fin tragique du dernier héritier, Maurizio, assassiné sur ordre de son ex-femme, « la veuve noire » . Une dynastie qui donne souvent à la réalité des allures de fiction. Aujourd’hui, Gucci est une société cotée en Bourse et dirigée par François-Henri Pinault, P-DG du groupe Kering. 

Si le rêve des origines s’éloigne, l’aura de l’aventure perdure. Depuis plus de cent ans, la maison de l’élégance à l’italienne ne cesse de rayonner et demeure l’incarnation de la dolce vita. »

Mon avis:

La dynastie Gucci commence avec le père : Guccio Gucci. Ensuite on retiendra particulièrement l’implication de deux de ses fils, Aldo et Rodolfo. Et des fils d’Aldo – Giorgio, Paolo et Roberto – et du fils de Rodolfo, Maurizio

C’est beaucoup à travers la vie de Maurizio que l’on suit la destinée de la marque. Malheureusement, c’est un mauvais administrateur, il manque de réalisme, fonctionne à l’intuition et cela ne compense pas ses bonnes idées et ses talents de créateur.

Florence, son histoire du XXème siècle, ses ruelles et ses rues « chic », la crue de l’Arno en 1966…

Toute une époque avec des chanteurs comme Patty Bravo, Milva, Giovanni Batisti…

C’est le moment où le centre de la haute couture qui quitte Florence pour Milan;  la distribution devient mondiale… Etats-Unis, Asie…
Le monde de la mode… Gucci, Bulgari, Ferragamo, Pucci, Prada, Armani, Valentino, Gianni Versace, Ermenegildo Zegna, Chloé, Tom Ford, Ralph Lauren, Calvin Klein, Donatella Versace, Carla Fendi, Gianfranco Ferré, Louis Vuitton, Christian Dior, Givenchy, Christian Lacroix, Yves Saint Laurent, Van Cleef & Arpels, Oscar de la Renta, Krizia , Fendi, Alexander McQueen, Stella McCartney, Courrèges, Cardin, Paco Rabanne, Julian McDonald, Balenciaga,  Boucheron, Tom Ford, Estee Lauder, Alessandro Michele….  Que de noms qui brillent …

Gucci et ses classiques… les sacs, les mocassins plats, le foulard et notamment le « Flora », les gammes complètes – ceinture, porte-cartes, porte-documents, porte-clés…. Gucci et les parfums, les montres, la couture (robe trapèze, robe-foulard. Le monogramme GC, qui fait suite au logo avec les losanges; les sangles rouge et vert, les rappels du monde équestre (mors, étrier) 

Gucci, une lignée « dynastique » où  seuls les hommes peuvent prendre le contrôle…
Une famille… mais quelle famille…  Rivalités familiales, querelles, coups tordus, attaques en règle, procès, malversations, détournement de fonds, fraude fiscale, meurtre… A une période on connait davantage le nom de Gucci par la presse à scandale que par les magazines de mode.. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, cela leur fait de la publicité ! 

L’histoire de la marque qui dégringole du firmament et la relance de la marque… pour atteindre des sommets, en près d’un siècle. 

Et l’affrontement entre Gucci, le groupe Pinault et LVMH  à coup d’OPA… 

Ce livre est, comme le dit l’autrice « une fresque épique où se mêlaient l’amour, la désillusion, le pouvoir, la richesse, le luxe, la jalousie et la cupidité. ». Il y a de l’émotion, de la haine, de l’acharnement, de la folie, de l’argent…. 

J’ai bien aimé cette lecture. Certes le style est un peu journalistique mais c’est édifiant sur les coulisses du monde de la mode.

Et puis Florence et Milan… c’est toute ma jeunesse….

Petite rectification du texte  :« Chesa Murézzan », ce qui signifie « la maison de Maurizio » en suisse romand. »  … Et bien non ! Pas roman mais Romanche… Le Romanche est la quatrième langue nationale qui est parlée dans les Grisons Le romanche est une langue romane parlée par plus de 60 000 personnes

Extraits: 

Contrairement à leurs compatriotes émiliens, plutôt affables, aux Lombards, d’un naturel austère, ou aux Romains chaotiques, les Toscans ont tendance à se montrer individualistes et hautains. Ils s’autoproclament responsables de l’essor artistique et culturel en Italie et tirent une immense fierté du rôle déterminant qu’u’ils ont joué dans l’élaboration de la langue italienne moderne, en grande partie au travers de Dante Alighieri. Certains les surnomment les « Français d’Italie », eu égard à leur arrogance, à leur suffisance et à leur rapport hermétique aux étrangers.
Dans son Enfer, Dante décrit Filippo Argenti comme « il Fiorentino spirito bizzarro ». Ce curieux esprit florentin ou toscan peut aussi se révéler tranchant, sarcastique, prompt à la repartie, ainsi que l’a démontré Roberto Benigni, réalisateur et acteur de La vie est belle.

Chaque ouvrier était responsable de son travail et il inscrivait son numéro d’identification dans le sac qu’il façonnait, précise Ferrari. Ainsi, si l’on remarquait le moindre défaut, on lui renvoyait son ouvrage. Il ne s’agissait donc pas d’un travail à la chaîne où l’un fabrique les poches et l’autre les manches d’un vêtement.

Au début des années 1950, un sac ou un bagage Gucci situaient son propriétaire comme un être raffiné et de bon goût.

— L’élégance, c’est comme les bonnes manières. On ne peut pas être poli le mercredi ou le jeudi seulement. Si on est élégant, il faut l’être chaque jour de la semaine. Sinon, ce n’est pas de l’élégance.

« J’étais le moteur, et le reste de la famille était le train, aimait-il à dire. Un moteur sans train ne sert à rien et un train sans moteur n’avance pas ! »

Gucci est une Ferrari que nous pilotons comme une Cinquecento, dit-il en plaçant au passage sa métaphore favorite.

On se souvient de la qualité longtemps après avoir oublié le prix.

Dans cette industrie il y a trop de sociétés dont le potentiel ne se développe jamais parce que le fondateur est toujours aux commandes. Ces gens ont souvent lancé des idées géniales que leur présence même a empêché de prendre corps.

— C’est à Ninni que je parle ? interrogea une voix basse, râpeuse, qui faisait penser à une grille métallique qu’on traînerait sur du ciment

Maurizio était comme un coussin qui prend la forme de la dernière personne qui s’est assise dessus