Clerc-Murgier, Hélène « La rue du Bout du Monde» (2016) 366 pages Série Jacques Chevassut – tome 02

Auteur : Hélène Clerc-Murgier partage son temps entre l’écriture et la musique. Claveciniste de l’ensemble Les Monts du Reuil, elle écrit et interprète des spectacles et a restitué l’opéra-comique Cendrillon et Le Docteur Sangrado, représentés à travers toute la France. « Abbesses » est son premier roman. « La Rue du Bout-du-Monde », son deuxième roman est paru en 2016.

Série Jacques Chevassut (Enquête dans Le Paris du XVIIème siècle) : Abbesses (tome 1) – La rue du Bout-du-Monde (tome 2) – L’affaire Chevreuse (tome 3) – Meurtres en cinq actes (tome 4)

Editions Jacqueline Chambon / Actes Sud – 01.06.2016 – 366 pages / ePub 

Résumé : 

1624. Alors qu’une terrible guerre civile opposant catholiques et protestants dévaste le Saint-Empire romain germanique, Richelieu tente par tous les moyens de revenir au pouvoir, dans une France elle aussi fragilisée par les guerres de Religion. Qui est donc ce mystérieux Ezéchiel qui n’hésite pas à prendre à son service le cruel Cléomas ? Si au début il s’agit seulement de distribuer des pamphlets contre La Vieuville, chef du Conseil du roi, on apprend vite que c’est à un tout autre emploi qu’il le destine. 

De l’autre côté du Rhin, le savant Wilhelm Schickard vient d’inventer une horloge à calculer. Un jeune Français, Michel Mauregard, est chargé d’apporter au comte Henry de Schomberg, qui réside au château de Vincennes, les plans de cette invention pour la construire avec lui dans le plus grand secret. C’est dans ce climat trouble, où le pouvoir va changer de mains, que se répand soudain une rumeur effarante : on tue des femmes pour leur arracher le coeur. 

Entre Vincennes et Paris, le lieutenant criminel Jacques Chevassut et son délicat second, Philippe de May, commencent à enquêter et nous entraînent des cabarets du Quartier latin aux échoppes du Pont-Neuf, en passant par la cour des Miracles et l’hôtel de Rambouillet. Harcelés par les autorités, nos deux héros se retrouvent bientôt au coeur d’une terrible affairé mêlant espionnage et folie sanguinaire.

Mon avis:
De retour au Grand Châtelet. J’ai retrouvé le lieutenant criminel Jacques Chevassut.
Plusieurs enquêtes vont se mélanger… des meurtres de jeunes femmes à qui l’on a arraché le coeur, une enquête sur les libelles. A la place du coeur on trouve des petites croix en or…
Je vous invite à faire la connaissance de Cléomas de Paris, natif de la Cour des Miracles, qui aime l’atmosphère qui règne dans les églises, bandit de la pire espèce,  âgé d’une vingtaine d’années, qui n’a connu dans sa vie – jusqu’à l’âge de 13/15 ans – qu’une femme qui personnifie le mal et la méchanceté qui lui a tenu lieu de mère qu’il a tuée un jour où elle est allée trop loin. Et il a bien aimé ça et donc, il a continué à tuer….
Cléomas va rencontrer un homme qui est tout son contraire et se fait appeler Ezechiel. Il est riche,  se déplace en carrosse… Il va engager Cléomas, le payer, le transformer en gentilhomme – en apparence – , le couper de sa vie à la Cour des miracles et le charger de basses besognes.

J’aime toujours en apprendre davantage sur le Paris du XVIIème siècle : la bande des Rougets et de celle des Grisons, la légende qui entoure la rue des Marmousets… On va fréquenter du beau monde, comme le conseiller occulte de Richelieu, pamphlétaire, Chanoine de St Germain l’Auxerrois et connu sous le nom de Fancan. 

Alors j’ai beaucoup aimé mais j’émets quelques petites réserves. J’ai trouvé un peu long à démarrer. Je me suis parfois perdue car le coté historique primait sur le coté enquêtes ; beaucoup de politique et les enquêtes en arrière plan dans le premier tiers du livre. Puis le lieutenant criminel Jacques Chevassut et son second rentrent vraiment en scène, ça bouge et je me suis régalée. Je regrette toutefois ne pas avoir plus de contact avec le personnage de Chevassut. Moi il me faut davantage d’empathie avec les personnages. Mais je me suis – contre toute attente – attachée au bandit Cléomas …  Je vais continuer à lire la série . 

J’ai retrouvé les personnages du livre Maalouf, Amin « un fauteuil sur la Seine » (2016)  que je viens de terminer et j’avais encore bien présents dans ma mémoire les personnages de Luynes, Richelieu…
Ce qui m’a aussi bien amusé est de retrouver un enquêteur qui a pour épouse une personne qui fréquente le cercle de l’Hôtel de Rambouillet comme dans les enquêtes de Louis Fronsac de Jean d’Aillon.

Extraits: 

Cléomas voulait que son nom soit inscrit dans la légende de la ville, d’autant que la concurrence était rude dans ce Paris du début de siècle. On parlait alors surtout de la bande des Rougets et de celle des Grisons, ce qui avait le don de le mettre en rage. 

– La politique n’est qu’un jeu. Souvent enfantin. On prend la place de l’un, en salissant l’autre, avec plus ou moins de grandeur. Mais ces gens sont des enfants. Je ne veux pas être à égalité avec ces roitelets. Moi, je veux avoir pouvoir de vie ou de mort. Je suis l’égal de Dieu. 

Lorsque les temps sont troubles, nous nous devons d’être troubles égale­ment, nous autres politiques. C’est ainsi.

C’est là que je compris que la douleur est passive, la vengeance active. Ceux qui en appellent au meurtre ont l’impression de transcender leur douleur, d’en devenir acteurs. Vous comme moi savons qu’ils ont tort. 

– Était-il encore aviné ? Et atteint de la même maladie que tous ces braves gens ? Mémoire courte, vue courte, ouïe inexistante ? Que font les médecins de ce pays devant tant d’infirmités ? 

– La Bastille est pour les chansonniers, les écrivains, les comédiens, pour ceux qui ont de l’imprudence et de l’esprit. Le donjon de Vincennes est réservé à ceux qui ont de l’audace, de la puissance et de la noblesse. Il faut avoir un nom pour mériter le poids d’une pareille chaîne.

– lieutenant criminel du Grand Châtelet, qui est mandaté par le prévôt de Paris, lui-même officier royal placé à la tête du Châtelet pour représenter le roi dans la ville, vicomté et prévôté de Paris ?