Yagisawa, Satoshi «La librairie Morisaki» (2009 traduit en 2023) 189 pages (Série «La Librairie Morisaki » tome 1)

Yagisawa, Satoshi «La librairie Morisaki» (2009 traduit en 2023) 189 pages (Série «La Librairie Morisaki » tome 1)

Auteur: Auteur japonais né à Chiba en 1977, diplômé de l’université de Nihon. 

Série «La Librairie Morisaki » :  « La librairie Morisaki » (tome 1) – « Retour à la librairie Morisaki » (tome 2)

Hauteville Editions – 06.09.2023 – 189 pages /  Hauteville Editions Poche – 05.03.2025 – 264 pages. Initialement publié en 2009. – (traduit par Déborah Pierret-Watanabe) Il a été récompensé par le prix Chiyoda en 2008 et porté à l’écran

Résumé:
Takako a le coeur brisé lorsque Hideaki, l’homme qu’elle aime, lui annonce ses fiançailles. Dévastée, la jeune femme ne supporte plus de le croiser au travail et démissionne. Takako a bien du mal à remonter la pente… jusqu’au jour où elle reçoit un coup de téléphone de son oncle Satoru, qu’elle n’a pas revu depuis de nombreuses années. L’homme, un peu excentrique, est à la tête d’une vieille librairie d’occasion, implantée à Jinbôchô, le quartier des bouquinistes à Tokyo. 

Il lui propose de venir l’aider, et même de s’installer au premier étage de la boutique. Voyant enfin l’avenir lui sourire, Takako accepte et découvre parmi tous ces livres un nouveau langage qui lui était jusque-là inconnu…
Traduit dans plus de vingt langues, La Librairie Morisaki a conquis près d’un million de lecteurs à travers le monde.

Mon avis:

Takako n’a plus goût à la vie depuis qu’elle apprend qu’elle a été manipulée par son grand amour qui va en épouser une autre. Elle démissionne de son travail et passe son temps à dormir jusqu’à ce qu’elle soit contactée par son oncle Saroru qui a hérité d’une librairie dans un endroit qui est juste fabuleux : dans le quartier de Jinbōchō, l’endroit où il y a le plus de librairies au monde; des librairies qui couvrent tous les sujets et toutes les époques, chacune ayant sa spécialité. Satoru est spécialisé en littérature moderne japonaise et lui propose de venir habiter chez lui., pour l’aider et aussi pour qu’elle puisse faire le point. Elle se décide à y aller mais principalement parce qu’elle n’a plus de revenus… Car cela ne l’enchante pas.
Petit à petit elle va se mettre à lire, découvrir les joies de la lecture, recommencer à voir du monde, s’ouvrir à la vie.
Elle va aussi nouer une relation spéciale avec Momoko, la femme de son oncle, qui est revenue à la maison après une absence inexpliquée de plusieurs années.

Un livre tout en douceur et sensibilité, comme extrêmement souvent dans la littérature japonaise. Et comme souvent un livre japonais qui parle de livres (quand cela ne parle pas de restaurants) … Si le démarrage est un peu lent, il mérite qu’on s’y intéresse. Un bel hommage au pouvoir des mots et des livres. Comme souvent aussi, j’ai éprouvé de la tendresse pour les personnages, mais pas de véritable attachement.
Je sais que je vais lire la suite, « Retour à la librairie Morisaki », surtout par intérêt pour le quartier des bouquinistes…

Extraits:

Quel étrange quartier !
Les deux côtés de l’artère principale (qui portait le nom de Yasukuni-dôri, selon les dires de mon oncle) étaient bordés de librairies. À droite, à gauche, partout où mon regard se posait, il rencontrait une librairie.

Si tu ne fais rien, tu ne verras jamais que le superficiel de ce monde. Si tu ne veux pas être quelqu’un d’aussi rudimentaire, je te conseille de lire quelques-uns des merveilleux livres qu’il y a ici.

Je voulais dormir, dormir, dormir jusqu’à la fin des temps. Il n’y avait rien de désagréable, au pays des rêves. Les rêves étaient le miel le plus doux. J’étais une abeille qui volait en quête de ce paradis.

Il est important de s’arrêter de temps en temps. Disons que c’est une pause dans le long voyage qu’est la vie. La librairie est un quai, où tu as jeté l’ancre pour un petit moment. Et, une fois que tu te seras bien reposée, tu pourras reprendre la mer.

Nous avons parlé du livre. Le bonheur de vous retrouver soudain proche de quelqu’un avec qui vous pensiez ne partager aucun point commun, grâce à une infime chose.

Il arrive parfois qu’un événement imprévu ouvre une porte dont on ignorait l’existence. C’est précisément ce que j’ai ressenti, à cette étape de ma vie.

Par exemple, dans un exemplaire d’Un paysage intérieur de Kajii Motojiro, je suis tombée sur ces quelques phrases, qui avaient su toucher un lecteur, si bien qu’il les avait soulignées au stylo :

« Regarder, ce n’est pas rien. Regarder, c’est transposer tout ou partie de son âme sur la chose. »

Étant moi-même émue par ce passage, c’était comme si je venais de partager un moment d’émotion avec un parfait inconnu, une sensation particulièrement enivrante.

J’avais réalisé que ce n’était pas qu’une question de lieu. Qu’il fallait aussi prendre en compte le cœur. Oui, notre place est là où on peut se montrer honnête avec soi-même, peu importe avec qui on se trouve, ni où on se trouve. 

J’ai cherché encore et encore la meilleure façon de lui exprimer ma reconnaissance. Rien. Un seul petit mot est venu. Alors je le lui ai dit, en toute sincérité :
— Merci.

Promets-moi de ne pas avoir peur d’aimer. Aime les autres, autant que tu peux. Même si l’amour va parfois de pair avec la tristesse, une vie passée sans aimer est une vie morne. Je n’ai pas envie que tu arrêtes d’aimer à cause de ce qui s’est produit. Aimer, c’est merveilleux. Ne l’oublie pas. Le souvenir d’avoir aimé quelqu’un ne s’effacera jamais de ta mémoire, et il réchauffera ton cœur pour toujours. C’est une chose que l’on comprend en prenant de l’âge, comme moi.

Plutôt que de vieillir, on aurait presque pu dire qu’elle avait subi une mue qui l’avait débarrassée du superflu.

Je continuais de tourner les pages, guettant l’occasion de m’envoler.

Akira s’était identifié au personnage, voilà pourquoi il avait lu ce roman tant de fois.

Information:
Jinbōchō (神保町?, parfois romanisé Jimbōchō) est un quartier de Chiyoda, Japon, connu comme le quartier latin de Tokyo où l’on peut trouver plus de soixante-dix librairies de livres d’occasion et des maisons d’éditions.

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