Thúy, Kim « Ru » (2009) 144 pages

Autrice: Kim Thúy, née Kim Thúy Ly Thanh le 18 septembre 1968 à Saïgon, est une écrivaine québécoise d’origine vietnamienne. Elle vit à Longueuil et elle est mère de deux enfants.
Elle a quitté le Vietnam avec les boat people à l’âge de dix ans et s’est installée avec sa famille au Québec. Diplômée en traduction et en droit, l’écrivaine a travaillé comme couturière, interprète, avocate et propriétaire de restaurant. Kim Thúy a reçu plusieurs prix, dont le Prix littéraire du Gouverneur général 2010, et a été l’une des quatre finalistes du Nobel Alternatif en 2018. Elle est chevalière de l’Ordre national du Québec et Chevalière de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française.
En 2009, son premier roman Ru, inspiré de son propre parcours de réfugiée vietnamienne, est édité aux Éditions Libre expression (Maison d’édition québécoise)
Liana Levi – 05.01.2020 – 143 pages / Piccolo – 07.01.2021 – 144 pages
Grand Prix RTL-Lire 2010 — prix du Gouverneur général 2010
Résumé:
Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours.
En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain.
Mon avis:
Alors oui le récit est intéressant mais je n’ai pas du tout croché. C’est le style qui m’a dérangé et de ce fait je suis passée totalement à coté. J’ai trouvé trop narratif et je n’ai pas ressenti d’émotions. Une succession de faits et de réflexions mais pas de chaleur ni de vibrations…
En plus ça va et ça vient, en avant en arrière « Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs » c’est tout à fait ça… et moi en prime, elle m’a perdue dans son désordre…
Extraits:
En français, ru signifie « petit ruisseau » et, au figuré, « écoulement (de larmes, de sang, d’argent) » (Le Robert historique). En vietnamien, ru signifie « berceuse », « bercer ».
J’ai aussi compris plus tard que ma mère avait certainement des rêves pour moi, mais qu’elle m’a surtout donné des outils pour me permettre de recommencer à m’enraciner, à rêver.
Je me demande encore aujourd’hui si les mots n’auraient pas entaché ces moments de grâce. Et si, parfois, les sentiments ne sont pas mieux compris dans le silence
Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu’ils n’auront pas d’argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu’ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d’une grappe de glycine, la fragilité d’un mot, la force de l’émerveillement. Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu’à nos rêves, jusqu’à l’infini. C’est peut-être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes. Sinon, nous encombrerions inutilement notre trajet avec des biens à transporter, à assurer, à entretenir.
Quelqu’un m’a dit que les liens se tissent avec les rires, mais encore plus avec le partage, les frustrations du partage.
Si une marque d’affection peut parfois être comprise comme une offense, peut-être que le geste d’aimer n’est pas universel : il doit aussi être traduit d’une langue à l’autre, il doit être appris. Dans le cas du vietnamien, il est possible de classifier, de quantifier le geste d’aimer par des mots spécifiques : aimer par goût (thich,), aimer, sans être amoureux (thu’o’ng), aimer amoureusement (yêu), aimer avec ivresse (mê), aimer aveuglément (mit quang), aimer par gratitude (firth nghia). Il est donc impossible d’aimer tout court, d’aimer sans sa tête.