Enza, Laure « Comme un parfum d’immortelle » (2022) – 326 pages

Autrice: romancière française. Dévoreuse de littérature depuis l’enfance, après des études littéraires et un certain nombre d’années dans l’enseignement, elle se consacre à sa passion : l’écriture. C’est en 2019 qu’elle publie des romans sous le nom de plume Laure Enza. Certains sont récompensés dans des concours comme Cap de Lire 2022, Les Plumes Francophones 2021 ou Le Comptoir de la Culture 2020. D’abord auteur hybride (à la fois en auto-édition et en maison d’édition), elle choisit en 2022 de devenir artiste auteur indépendant. Ses romans sont de styles différents : comédies sentimentales contemporaines, saga de science-fiction ou fantasy, livres pour enfants. Ils abordent cependant des thèmes parallèles, empreints d’humour et d’optimisme.
Romans: Souris des villes – Oiseau des iles – Pas de chichis entre amies – Le Sortilège de la Lune Noire · Comme un parfum d’immortelle – Mon voisin, mes amours et autres contrariétés – La Cerise sur le cupcake – Poing de Départ · Embrouilles et Dolce Vita – La mélodie oubliée – Broadway dans la peau –
Auto-édité – 06.06.2021 – 372 pages / Bookelis 2024 / 12.09.2024 ePub
Résumé:
Les vacances commencent mal pour Amy, dans le luxueux hôtel Fiore di Machja. Cette cinquantenaire à fleur de peau avait grand besoin de calme et de solitude pour panser ses blessures du passé. Ses retrouvailles nostalgiques avec l’île de Beauté sont perturbées par une fillette brailleuse, un chien pouilleux, une vieille starlette anglophone, un barman déjanté et surtout, un maître-nageur aux abdos en béton et aux conseils ésotériques.
Comment apprécier les paysages enchanteurs et trouver le répit en compagnie de ces éléments perturbateurs ? Amy est loin de se douter du cocktail détonant que produiront tous ces ingrédients dans sa vie si bien rangée.
Le temps d’un été indien, passez des vacances étonnantes en Méditerranée avec cette romance contemporaine. Suivez la trajectoire d’une femme blessée qui renaît à la vie parmi les personnages sympathiques ou excentriques qui vont chahuter sa mauvaise humeur. Malgré les drames secrets, les carcans imposés par la société, les vieilles rancœurs, chacun peut trouver le goût du bonheur en s’ouvrant aux autres. Humour et dérision côtoient ainsi des moments d’émotion. Si vous cherchez une lecture légère, qui sent bon la Corse et l’optimisme, ce roman feelgood vous apportera un parfum de bonne humeur.
Ce roman a obtenu le Premier Prix des Plumes Francophones 2021
Mon avis:
C’est une romance romantique feel-good avec de l’humour et de l’amour, de l’amitié, de la légèreté, des fous-rires et du désespoir… plus profond que cela semble au premier abord.
Alors oui, cela se lit vite, cette petite comédie romantique, j’ai eu le sourire aux lèvres, mais je pense que cette jolie parenthèse sera vite oubliée, un peu comme un amour de vacances. Mais j’ai pris du plaisir : les personnages sont originaux et caricaturaux à la fois, parfois atta-chiants. J’imagine tout à fait la brave dame qui vient se reposer en Corse et qui a le malheur d’avoir pour voisins un couple avec deux gosses, surtout la gamine de 3 ans insupportable et qui braille à longueur de journée (dès le petit matin).
Amy est seule, ne va pas bien et a besoin de se changer les idées et de se reconstruire. Dans cet hôtel Cinq étoiles, elle va faire la connaissance de personnages quelque peu hors du commun : une femme de plus de 75 ans, Irena Smirnov, férue de cinéma et semble être une ancienne actrice qui a tourné dans des films à Hollywood; un prof de natation-surf – style beau gosse musclé et sympathique, l’archétype du G.O. Club Med, (moins superficiel qu’il n’y parait,) les petites vieilles des villages corses – limite considérées comme des sorcières , d’autres comme la mère de la fillette, le barman…
Sous ces aspects sautillants, il y a des passés qui se cachent… et au final cela donne des personnages avec leurs failles; les réflexions moqueuses sont le plus souvent dictées par l’amertume. Et il y a une bonne dose d’espoir et d’optimisme, de gestes d’amitié et d’entraide entre trois femmes qui au départ ne semblent pas avoir grand chose en commun…
Et puis Anton… il est craquant… et la Corse si belle …
Extraits:
Son indifférence me prouve que je suis sûrement irrécupérable : il a su déceler l’enclume en moi.
Les mots s’étranglent dans ma bouche comme s’ils avaient une vie propre.
— Ah les hommes, tous pareils avec leur passion pour les cheveux longs ! C’est tout un poème ! « Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! »
Comme je le dévisage, ébahie, il éclate de rire et m’entraîne dans un pas compliqué qui demande toute mon attention.
— Ce sont les seuls vers de « La chevelure » de Baudelaire que je connaisse, avoue-t-il avec un rictus charmeur, cela fait partie de ma panoplie de gigolo, ça marche à tous les coups !
J’avais oublié que la lecture demande une attention et crée, par la même occasion, l’opportunité de la déconnexion. J’ai renoué avec mes propres images mentales, un dialogue interne salutaire. Je suis maintenant rassurée d’avoir des romans sous le coude, dans n’importe quel transport en commun, n’importe quelle salle d’attente.
Tout ce que je suis capable de penser est que j’aimerais me procurer un stylo effaceur de mémoire des « Men in Black » pour lui faire oublier cette crise de jalousie inappropriée.
— Tu veux toujours être forte, tout contrôler. Tu as toujours refusé mon aide. Tu veux toujours montrer que tu peux tout assumer, que tu peux courir plus vite, plus loin, et même courir pour deux.
Voilà pourquoi j’essaie toujours d’éviter les conversations téléphoniques. La distance permet une plus grande aisance, l’absence autorise l’impudence. Les mots fusent comme des flèches, sans que l’interlocuteur ne soit arrêté par les mimiques, les expressions de sa cible.
— Il faut apprécier sans vergogne ce que la life nous offre, honey, et ne pas s’encombrer du regard des autres.
Je suis suspendue dans le vide au bout d’une corde, et ma vie entière semble prendre le même chemin ! Je ne sais pas où me raccrocher, j’ai perdu mes repères. J’ai jeté par-dessus l’épaule toutes mes certitudes, tous mes aprioris de veuve bien comme il faut, de femme sensée, d’amante abstinente.
One Reply to “Enza, Laure « Comme un parfum d’immortelle » (2022) – 326 pages”
La Corse n’est plus ce qu’elle était, en ce qui concerne les carcans. Les vieux d’aujourd’hui sont de plus en plus des jeunes d’autrefois et ceux qui pensent comme avant sont minoritaires. Vivre avec une personne du même sexe n’est pas plus tabou qu’ailleurs, vivre ensemble sans mariage itou, ou avec quelqu’un d’une autre religion, d’une autre couleur de peau.
Il y a toujours des passéistes, mais plus des masses.
Par contre l’immortelle, et des tas d’autres plantes existent encore dans le maquis, qui ne change pas, entre deux incendies.